Charles Bukowski | Nouveaux contes de la folie ordinaire (1978)

Tout en s'activant et en surveillant le ragoût, Marie parlait.
« Ce n'est plus comme avant. Les gens n'ont plus d'argent. Il n'y a plus que des traveller's, des chéquiers et des cartes de crédit. Mais les gens n'ont pas de liquide sur eux. Il n'y a plus que le crédit. Quand les types touchent leur paie, elle est déjà mangée. Ils engagent toute leur vie pour acheter une maison. En plus, il faut qu'ils la remplissent de conneries et qu'ils achètent une voiture. La maison, c'est leur drogue, l'État le sait et les taxe à mort avec l'impôt sur la propriété. Personne n'a plus d'argent. C'est la mort du petit commerce. »
On s'est installé devant le ragoût et ce fut parfait. Après le dîner, on a sorti le scotch, elle m'a donné deux cigares et on a regardé la télé sans dire grand-chose. J'avais l'impression d'être ici depuis des années.